- SOCIALISME - Les Internationales
- SOCIALISME - Les InternationalesLa préhistoire du mouvement ouvrier, du socialisme, s’est déroulée dans des cadres nationaux. Mais dès le milieu du XIXe siècle on vit naître l’idée, limitée d’abord à certains milieux de révolutionnaires émigrés, la Ligue des communistes en particulier, selon laquelle les prolétaires devaient s’organiser en «parti mondial du travail». Depuis lors, au fur et à mesure que s’étendaient la révolution industrielle et ses conséquences (l’impérialisme) et que se développaient les luttes pour le socialisme, la prise de conscience de la solidarité qui lie les travailleurs à travers le monde s’est considérablement accrue. L’Association internationale des travailleurs, née en 1864 (appelée aujourd’hui la Ire Internationale), ne s’était vraiment implantée qu’en Europe occidentale (et, dans une certaine mesure, centrale); la IIe Internationale, que ses contemporains nommaient l’Internationale socialiste, rallia les forces socialistes à travers toute l’Europe et les États-Unis, et commença, début XXe siècle, à pénétrer dans d’autres continents; la IIIe Internationale, l’Internationale communiste, mit au point pour la première fois un projet révolutionnaire mondial qui visait à unir étroitement, dans le cadre du combat contre l’impérialisme, le prolétariat des pays industriels, les peuples soumis et le premier pays où les socialistes avaient pris le pouvoir, l’U.R.S.S.Pourtant il n’y a plus aujourd’hui de grande institution mondiale ouvrière qui porte le nom d’Internationale: l’Internationale socialiste, reconstituée après s’être deux fois effondrée, en 1914 d’abord, puis lors de la Seconde Guerre mondiale, n’est plus guère qu’un cadre pour de brèves rencontres d’appareils; l’Internationale communiste a été dissoute en 1943, et la IVe Internationale, «proclamée» en 1938, n’a connu qu’une implantation très limitée. Il n’est pas pour autant certain que la conscience internationaliste soit moins vive qu’au milieu du siècle dernier ou en 1920, mais son institutionnalisation est assurément beaucoup plus difficile. Pourquoi? Dès les années 1880 la constitution de partis ouvriers nationaux implantés dans des pays où les formations sociales différaient, ainsi que les traditions politiques et culturelles, modifie les perspectives immédiates des militants, même quand ils se réclament du marxisme. Le développement des mouvements révolutionnaires dans les pays du Tiers Monde et les succès que certains ont remportés (Chine, Cuba, Vietnam) renforcent cette complexité. D’autant qu’en même temps la diversification de la classe ouvrière, le développement de la condition salariale sont à l’origine de mouvements contradictoires dans l’idéologie comme dans la pratique. D’autres facteurs sont intervenus après la révolution russe: le prestige du premier pays où le capitalisme a été renversé, les menaces qui pesaient sur lui n’ont-ils pas tendu à assurer sa prépondérance sur le libre débat internationaliste? Ce sentiment fortement éprouvé est sans doute pour beaucoup dans le fait que la Chine, malgré ses désaccords très graves avec l’U.R.S.S. comme avec la IVe Internationale, n’a pas tenté de reconstituer autour d’elle une cinquième organisation mondiale.1. L’Association internationale des travailleurs (1864-1876)Il est plus facile de préciser la date à laquelle naît la Ire Internationale: le 28 septembre 1864, au meeting londonien de Saint Martins Hall, que d’en signaler avec exactitude le décès: celui-ci date-t-il du congrès de La Haye (sept. 1872) où décision est prise de transférer à New York, loin des luttes réelles, le conseil général, organisme dirigeant. Plusieurs sections européennes continuant cependant à manifester une grande vigueur, se produit-il plutôt à la conférence de Philadelphie (juill. 1876) qui prononce la dissolution pure et simple du conseil? Même si l’on choisit le temps le plus court, l’A.I.T. fut, selon une formule célèbre, une «grande âme»; et que celle-ci ait été enfermée en un «petit corps» n’est vrai, stricto sensu , qu’au tout début de son histoire.Les originesLa création de l’A.I.T. se situe dans le contexte original de l’Europe occidentale au début des années 1860. L’émigration politique qui a suivi les défaites de 1848-1850 a rassemblé, en Grande-Bretagne surtout et à un moindre degré en Suisse et en Belgique, de très nombreux proscrits, Français, Italiens, Allemands, Polonais... Ces émigrés ont gardé divers contacts avec leurs patries et en ont noué entre eux. Les mouvements populaires d’unification et de libération nationales dont ils sont les porte-parole rencontrent auprès des couches éclairées, et souvent des masses, un large écho: lutte des mazziniens pour une république italienne, des Polonais contre l’oppression tsariste (insurrection de 1863), etc. L’internationalisme qui s’exprime à Saint Martins Hall n’est pas abstrait et n’est pas non plus une exception. Il reçoit sa coloration propre du mouvement ouvrier en cours de développement, particulièrement en Grande-Bretagne et en France: dans le cadre du processus général d’industrialisation, sociétés ouvrières et syndicats se multiplient; la crise économique de 1857-1858 déclenche une série de grèves que le patronat anglais tente de briser en important du continent des ouvriers moins bien payés; cette menace donne une base immédiate à la solidarité ouvrière.Sur cette toile de fond se dessinent des courants d’opinion divers et mal structurés, que l’A.I.T. va refléter: trade-unionisme anglais, dont l’influence est au début déterminante, mais qui se révélera bientôt fortement insulaire; mutuellisme français; républicanisme ardent des hommes de quarante-huit, les mazziniens notamment, etc. Le comité provisoire, embryon du futur conseil général, compte vingt et un Anglais, dix Allemands qui, à l’exception de Karl Marx, ne joueront qu’un rôle secondaire, neuf Français, dix Italiens, deux Polonais, deux Suisses. Mais Karl Marx, proscrit de quarante-huit, estimé des leaders britanniques comme des émigrés allemands à Londres, va dès le début marquer de son exceptionnelle personnalité les débats ainsi que les textes d’orientation et d’organisation de l’A.I.T. Il rédige pour le comité l’«Adresse inaugurale», à laquelle il contribue à donner une orientation socialiste et un ton prolétarien et révolutionnaire, et les «statuts provisoires» avec leurs «considérants» très voisins de ceux qui seront adoptés officiellement deux ans plus tard au congrès de Genève (sept. 1866).Le départ des mazziniens, celui de divers bourgeois républicains dès 1865, l’idée répandue jusque dans la noblesse polonaise qu’en Europe occidentale tout au moins le conflit primordial oppose le capital et le travail, enfin l’engagement de l’A.I.T. dans les grèves confirment très vite son terrain: la lutte des classes, et son statut: un parti ouvrier qui se veut international, en tout cas européen.L’organisationL’A.I.T. se veut le «parti» mondial et non pas une fédération de partis nationaux, qui d’ailleurs n’existent pas encore. Elle s’organise en sections locales, régionales et parfois nationales, soit en recueillant l’adhésion de sociétés ouvrières qui lui préexistent, soit en suscitant des adhésions individuelles ou collectives. Ses structures sont assez centralisées, tout au moins en apparence, pour qu’elle puisse non seulement coordonner, mais infléchir les luttes et diffuser des directives substantielles.Tous les ans se réunit un congrès où les débats sont animés, enthousiastes et amples. Le conseil général élu par le congrès siège à Londres jusqu’en 1872, puis à New York. Il assure les relations entre les sections, organise des collectes de solidarité, prend position sur les problèmes politiques importants pour la classe ouvrière (questions polonaise, irlandaise, guerre franco-allemande, Commune de Paris). Il peut formuler des directives et soumettre des propositions aux sections ou au congrès qu’il convoque en cas d’urgence. Quoique sa compétence et ses pouvoirs se développent assez vite, on ne peut se représenter l’A.I.T. comme une organisation pleinement centralisée: sa direction n’en a pas les moyens, et les sections gardent une assez forte autonomie; même à l’époque où les grands déchirements idéologiques sont encore secondaires, ce qui émane de Londres est facilement suspect en France et intéresse assez peu les sections allemandes. Il ne faut donc pas s’étonner si les émissaires, la correspondance officielle ou privée jouent un grand rôle dans l’Internationale et si des groupes de pression internationaux, clandestins ou non, peuvent assez facilement se constituer. C’est pourquoi Marx, partisan du renforcement de l’autorité du conseil général, s’oppose, avec la majorité de celui-ci, à l’adhésion de l’«Alliance internationale de la démocratie socialiste», fondée par Michel Bakounine en octobre 1868, puis manifeste une méfiance vigilante devant le réseau secret (l’«Intimité internationale») que Bakounine constitue à partir de 1869 pour faire progresser sa ligne au détriment de celle de la majorité du conseil.Essai de périodisationOn peut distinguer trois moments principaux dans la brève histoire de la Ire Internationale. De 1864 à 1867, malgré la création rapide de sections en Suisse, en France, en Belgique, en Allemagne, c’est, à l’exception de l’Angleterre, une période de relative stagnation. De 1868 à 1870, l’A.I.T. décline nettement en Angleterre, mais elle se développe très rapidement dans les pays (ou tout au moins les régions) industrialisés du continent: c’est à l’occasion des mouvements de grève que les ouvriers rallient l’Internationale. Pourtant celle-ci ne compta jamais les centaines de milliers d’adhérents que les polices lui prêtèrent: pour la France, par exemple, on arrive à quelques milliers de militants fichés, quelques dizaines de milliers d’adhérents relativement stables. À partir de 1871 s’ouvre une troisième période: fortement atteinte en France par la répression, la guerre, les suites de la Commune, morte ou peu s’en faut en Angleterre, l’A.I.T. se maintient en Suisse et connaît un renouveau non seulement en Belgique, mais en Italie où elle s’implante pour la première fois, et surtout en Espagne où une fédération régionale s’est constituée en juin 1870. Dans tous ces pays, le courant «antiautoritaire» qui se réclame de Bakounine contre Marx l’emporte.Nature et influence de l’A.I.T.Sauf en Belgique, l’A.I.T. a progressé essentiellement dans des métiers déjà anciens. Elle n’a pu s’implanter ni dans la mine ni dans la grande métallurgie. Si elle annonce les temps nouveaux, ce n’est pas dans les industries nouvelles, où l’ignorance était plus grande et qui n’étaient pas secouées par les mêmes crises que les métiers traditionnels en pleine mutation. Mais il est peut-être plus important de noter quelles sont les luttes et les formes d’organisation qui se sont développées dans le cadre de l’A.I.T. et qui ont favorisé une profonde évolution dans la conscience des travailleurs: le corporatisme étroit a reculé; au cours des grèves, les ouvriers se sont radicalisés, ils ont été conduits à se poser des problèmes politiques, à se situer par rapport à l’État, fût-ce pour en rejeter avec violence l’existence même. En ce sens, l’A.I.T. a été, pour une avant-garde, une grande école.Les causes du déclinÀ partir de 1872, l’A.I.T. se meurt en tant que mouvement international, malgré le développement impétueux de certaines sections européennes. Faut-il en voir la cause principale dans les «manœuvres» de Bakounine ou dans les pratiques «autoritaires» de Marx? L’Internationale, enréalité, se défait pour des raisons plus profondes: les problèmes d’intérêt européen général perdent pour un temps de leur acuité, l’unité nationale des grands pays du centre et de l’ouest de l’Europe est réalisée, les grandes luttes reculent; la classe ouvrière s’organise lentement dans le cadre de chaque pays, selon trois modes différents: l’anarchisme (Italie, Espagne), le trade-unionisme (Angleterre), les partis socialistes, dont l’émergence, assez rapide en Allemagne, est plus lente en France, en Suisse, en Belgique. Cette troisième voie, qui n’élimine pas la diversité des idéologies, apparaît bientôt comme la plus importante. Marx l’avait le premier pressenti. Il en avait le premier tiré les leçons extrêmes en 1872, puis en 1876; pour un temps, l’Internationale comme institution n’avait plus de raison d’être, même si subsistait dans la classe ouvrière une aspiration internationaliste.2. La IIe InternationaleNée entre 1889 (deux congrès ouvriers internationaux se tiennent en juillet à Paris lors du centenaire de la Révolution française) et 1891 (le premier congrès unitaire se réunit en août à Bruxelles), la IIe Internationale existe toujours en 1972, mais sa grande époque coïncide avec les années antérieures à la Première Guerre mondiale.La mise en place: 1889-1896La renaissance d’une Internationale ouvrière, après la disparition de l’A.I.T., s’est heurtée à de grandes difficultés. Certaines sont structurelles: les forces militantes s’organisent, on l’a vu, dans le cadre de pays aux traditions diverses et redoutent souvent de perdre une autonomie où elles voient la condition de leurs progrès. D’autres sont idéologiques: les leaders marxistes, allemands, et avec eux Friedrich Engels, qui mourra en 1895, éprouvent quelques craintes devant le relatif isolement idéologique de la social-démocratie allemande sur laquelle repose selon eux, après la Commune de Paris, l’essentiel des espérances du socialisme; ils souhaitent gagner du temps pour que le marxisme puisse étendre son influence. À la fin des années 1880, pourtant, les progrès assez rapides du mouvement ouvrier et du socialisme, en Europe et aux États-Unis, exigent une réponse. De nouveaux regroupements internationaux, purement corporatifs ou réformistes, s’esquissent: faut-il les laisser se développer? Les principales réticences vont dès lors s’estomper. Mais dans ces conditions la IIe Internationale, à la différence de l’A.I.T., est conçue à l’origine comme un simple cadre pour des rencontres périodiques, des congrès, et non comme un organisme puissant et structuré à vocation révolutionnaire.Qui aurait le droit de s’en dire membre? La question qui s’était à peine posée en 1864 fut cette fois longuement et passionnément discutée en fonction de la diversité des idéologies et des pratiques. Le congrès de Londres, en 1896, répondit sans équivoque. Il fallait «poursuivre la substitution de la propriété et de la production socialistes à la propriété et à la production capitalistes»: c’était le vade-mecum du socialisme, sur la base duquel se faisait le clivage avec les démocrates bourgeois. Il fallait aussi «reconnaître la nécessité de l’action législative et parlementaire»: ainsi se trouvaient exclues, explicitement, les organisations anarchistes et, de fait, une bonne partie des organisations corporatives, qu’il s’agisse des trade-unions britanniques ou de la C.G.T. française. Cette résolution d’autre part entérinait la constitution de l’Internationale en tant que confédération de partis socialistes organisés pour conquérir le pouvoir politique dans les parlements nationaux sur une base locale et non plus spécifiquement ouvrière. Elle répondait aux progrès du socialisme dans des couches sociales nouvelles et aux caractères généraux d’une époque de relative stabilité politique et d’essor global du capitalisme, mais non pas forcément aux souffrances et à la volonté de lutte des plus opprimés et des plus révolutionnaires.Dès ce stade embryonnaire apparaissent donc quelques-uns des traits qui pourront s’atténuer ensuite dans le cadre de l’expansion de la IIe Internationale, mais qui ne disparaîtront pas.L’expansionL’expansion se produit essentiellement, mais non exclusivement, en Europe. L’Internationale vit en effet théoriquement sur l’idée que les progrès du socialisme sont liés au développement de la grande industrie, et la propagande des partis socialistes est orientée vers le recrutement ouvrier, même si les leaders sont souvent des intellectuels.Dès le début du XXe siècle, toutes les nations européennes sont représentées dans les congrès de l’Internationale, parfois à travers les syndicats «socialistes» et les partis (Allemagne, Autriche, Suisse, Suède), parfois à travers un parti unifié (Italie, Belgique et, plus tardivement, France), parfois à travers plusieurs partis (Angleterre, Bulgarie, Pays-Bas, Russie). La base ouvrière est surtout forte dans les pays de l’Europe du Nord et du Centre. Encore largement majoritaire en France, elle tombe à 40 p. 100 en Italie. Si le Parti ouvrier belge se voit tôt conférer, pour de multiples raisons, un rôle institutionnel privilégié, le leadership appartient pourtant à deux grands partis européens: la social-démocratie allemande, dont l’organisation est remarquable et qui passe grâce à Karl Kautsky et à la revue qu’il dirige, Die Neue Zeit , pour être le dépositaire de l’orthodoxie marxiste, et la S.F.I.O. (section française de l’Internationale ouvrière), dont le rayonnement est fondé sur les traditions de lutte du peuple français et sur le personnage de Jean Jaurès.L’européo-centrisme de la IIe Internationale ne facilitait pas son implantation hors d’Europe, sinon aux États-Unis et chez certains émigrés installés en Amérique latine ou dans les colonies. Mais sa vocation humanitaire et de défense des opprimés attira vers elle au début du XXe siècle les regards des Cubains, des Persans et de quelques intellectuels arabes, chinois ou indiens. Les premières organisations de ces pays qui se considéraient comme socialistes cherchèrent le contact avec l’Internationale ou s’en réclamèrent. Elle se révéla cependant incapable d’élaborer une stratégie mondiale et d’offrir une perspective commune aux opprimés de tous les continents.Au total, à la veille de la guerre, l’Internationale était devenue «un grand corps»: avec quelque 3,5 millions d’adhérents, 12 millions d’électeurs, 200 grands journaux, c’était une force à travers laquelle s’exprimait, quoique d’une manière très partielle, le poids croissant des travailleurs dans le monde.Le renforcement des institutionsLe renforcement des institutions est à la fois conséquence et fonction de l’expansion de l’Internationale. Certes, le développement des partis nationaux s’accompagne de la création d’appareils plus ou moins importants (statuts, finances, groupes parlementaires, organisations satellites) capables d’exiger le respect de leur indépendance, et dans ces conditions les votes de principe émis dans les congrès ont une valeur souvent plus symbolique que contraignante. Mais un si grand corps a besoin d’une tête. Au congrès de Paris (1900) est créé un organisme de coordination, le bureau socialiste international, composé de deux délégués par nation (tous les leaders y figureront: Jaurès, Lénine, Rosa Luxemburg, Turati...), et un secrétariat permanent dont le titulaire, à partir de 1905, le Belge Camille Huysmans, va exercer une réelle influence. Rapidement apparaissent d’autres organes aux activités et aux fortunes diverses: commission interparlementaire (1904), Fédération internationale des jeunesses (1907), conférences de femmes, de juristes, de journalistes...Idéologies, débats et pratiquesDans ces conditions, les questions purement ouvrières: législation du travail, assurance et chômage, immigration, etc., continuent à faire l’objet de longs rapports dans les congrès, mais ne suscitent pas, sauf exception, de discussions passionnées. Celles-ci concernent d’autres problèmes. À peine le marxisme dit orthodoxe l’a-t-il emporté sur le révisionnisme doctrinal théorisé par Eduard Bernstein (c’est chose faite officiellement depuis le congrès d’Amsterdam en 1904) qu’il se trouve en face de situations radicalement nouvelles: les tensions impérialistes s’aggravent, l’Asie se réveille, la guerre menace, la révolution russe de 1905 met à l’ordre du jour la lutte des masses sur un plan autre que parlementaire ou corporatif. Les grands débats sur le problème colonial, les moyens d’action à employer contre la guerre, la nature de l’impérialisme font apparaître de nouveaux clivages: à la droite de l’Internationale, malgré l’unité de sentiment proclamée à Bâle en 1912, se constitue, surtout en Allemagne, un courant franchement impérialiste. La majeure partie des «orthodoxes» s’installe durablement dans l’économisme et s’oppose à la grève générale ouvrière contre la guerre, alors que le choix fait par Jaurès en faveur du droit des peuples colonisés à disposer d’eux-mêmes et de la grève générale comme arme forgée par le «génie ouvrier» le situe nettement à gauche. À l’extrême gauche, enfin, émerge un courant radical d’ailleurs divisé (Lénine, Rosa Luxemburg, Anton Pannekoek), qui se réclame des traditions révolutionnaires du marxisme et tente de les appliquer à une situation nouvelle. C’est parmi ses représentants que s’ébauchent des analyses et des pratiques qui vont transformer les acquis fondamentaux de la IIe Internationale. Mais le poids du conformisme reste, et de loin, le plus fort.L’effondrement de 1914 et la reconstitution de l’Internationale socialisteCe qui apparaît avec éclat en 1914, ce n’est pas tant en effet l’impuissance de l’Internationale devant la guerre que son incapacité à tenter quelque action, et le ralliement rapide de ses sections nationales à l’Union sacrée, au mépris de tout internationalisme. Les exceptions sont rares: Russes, Serbes, Italiens. Quelles qu’en soient les causes, opportunisme des directions, patriotisme de la base, impuissance à analyser les nouvelles situations nées de l’impérialisme, l’Internationale va disparaître de la scène historique pendant plusieurs années.Après la guerre et une longue période de flottement qui correspond à la vague révolutionnaire des années 1917-1921, puis à la tentative de création d’une Internationale intermédiaire, appelée par dérision «II 1/2», entre l’Internationale socialiste et l’Internationale communiste, la IIe Internationale réapparut en se résignant à ne plus représenter, géographiquement comme politiquement, qu’une partie du mouvement socialiste.Au congrès de Hambourg (mai 1923), l’Internationale ouvrière socialiste proclamée regroupa tous les courants qui ne se réclamaient pas du bolchevisme. Elle reprit les structures et les formes d’organisation de la IIe Internationale, mais sans parvenir, malgré la personnalité de son président Louis de Brouckère et de son secrétaire Friedrich Adler, à peser réellement sur l’histoire de l’entre-deux-guerres et sur la montée des fascismes, et sans apporter de nouvelles perspectives au socialisme.3. La IIIe Internationale (1919-1943)L’Internationale communiste ou IIIe Internationale, appelée également Komintern, s’est voulue l’instrument de la révolution non seulement dans la classe ouvrière, mais chez les opprimés du monde entier. Son histoire s’inscrit dans une période de crise générale de l’impérialisme. Malgré des apports récents, beaucoup d’éléments font encore défaut pour formuler à son sujet une appréciation historiquement valable.Aux origines de l’Internationale communisteL’Internationale communiste est d’abord issue de la guerre: c’est celle-ci qui met à jour l’exigence d’une scission dont avant 1914 nul ne voulait. Le corps entier est dénoncé comme gangrené. Lénine est le premier à en tirer des conclusions en termes d’organisation: la IIe Internationale a «failli», il faut préparer une nouvelle Internationale. Mais la haine du socialisme de guerre ne se développe que lentement, et l’idée qu’il faut bâtir une nouvelle maison est loin d’être partagée par tous les socialistes hostiles à la guerre et à l’Union sacrée: ni à la conférence de Zimmerwald (sept. 1915), ni à celle de Kienthal (avr. 1916), le point de vue de Lénine ne l’emporte entièrement. La Commission socialiste internationale élue à Zimmerwald deviendra pourtant le premier noyau de l’Internationale communiste.Pendant ces mêmes années, les marxistes révolutionnaires produisent petit à petit des analyses dont les premiers éléments avaient souvent été formulés avant 1914 et qui ouvrent de nouvelles perspectives à l’action internationale. Deux thèmes dominent les textes de Boukharine, de Rosa Luxemburg, de Trotski, de Zinoviev et surtout de Lénine: l’impérialisme et la révolution. Cette guerre est une guerre impérialiste qu’il est possible de transformer en guerre civile, l’Europe est «grosse d’une révolution», les masses trouveront les formes d’organisation qui leur permettront d’abattre les appareils d’État du capitalisme et d’instaurer la dictature du prolétariat.À partir de 1917, la révolution russe rend ces analyses, longtemps clandestines et mal connues, crédibles. Elle donne à la création de l’Internationale communiste une profonde impulsion. Ce que l’on sait des événements de Russie, le développement des soviets en particulier, contribue à la radicalisation des masses populaires et rapproche du marxisme des syndicalistes révolutionnaires, des anarchistes qui en avaient toujours été éloignés. D’autre part, les dirigeants bolcheviks sont convaincus qu’en Russie même un succès durable ne peut être assuré que si la révolution gagne l’Europe et d’abord l’Allemagne, et si l’impérialisme est également attaqué dans les pays dominés. Pour ce faire, un état-major révolutionnaire est indispensable: dès 1918, Lénine considère comme urgente la création de l’Internationale communiste.Mais avec qui? Lorsque se réunit à Moscou, en mars 1919, la Conférence internationale communiste qui rassemble ceux qui acceptent de se placer «au point de vue de la dictature du prolétariat sous la forme du pouvoir des soviets», les structures organisationnelles retardent partout sur le mouvement. C’est dans une large mesure avec des militants sans mandat, et malgré l’abstention du jeune Parti communiste allemand, que l’Internationale communiste est créée dans une atmosphère de fièvre révolutionnaire. Sa proclamation force le destin. Et l’événement immédiat donne raison à ceux qui ont osé: en Hongrie, en Bavière, les communistes accèdent temporairement au pouvoir, le Parti socialiste italien vote par acclamation son adhésion à l’Internationale communiste; en Chine, le Mouvement du 4-Mai se développe; en Europe occidentale, le ralliement à la IIIe Internationale devient populaire. Va-t-elle être capable de coordonner les efforts dispersés et de conduire le mouvement à la révolution?L’Internationale communiste, parti mondial des travailleursDès le IIe congrès (juill.-août 1920) sont approuvés ses statuts, définies les vingt et une conditions d’admission des partis, précisées les «tâches». Mais la constitution de l’Internationale communiste en «parti mondial des travailleurs» dure au moins jusqu’en 1925.Pour les communistes, l’internationalisme signifie d’abord conscience et volonté concrète de solidarité: «L’Internationale communiste s’engage à soutenir par tous les moyens qui seront en son pouvoir toute république socialiste qui serait créée en quelque lieu que ce soit.» Les partis communistes ont «le devoir de se prêter réciproquement au combat l’appui le plus énergique». Ces textes de congrès répondent à une aspiration enthousiaste. Mais leur mise en pratique suppose des choix et des priorités.Le Komintern définit d’autre part petit à petit une stratégie appuyée sur l’analyse léniniste de l’impérialisme. C’est ainsi que sont désignées les trois grandes forces qui doivent articuler leurs efforts en vue de la «République internationale des soviets»: le mouvement ouvrier des pays industriels avancés, le mouvement de libération nationale des peuples opprimés, la Russie soviétique. Cette stratégie réaffirme le rôle dirigeant du prolétariat ouvrier, même embryonnaire (c’est la clef de voûte du marxisme), mais l’expérience de la révolution russe et les mouvements des peuples d’Orient valorisent la paysannerie pauvre, et les problèmes posés par une politique d’alliances plus large sont effleurés dès le premier Congrès des peuples d’Orient (Bakou, sept. 1920).Les conceptions léninistes en matière d’organisation marquent également les structures de l’Internationale communiste sans que soit d’ailleurs rejeté tout l’héritage de la IIe Internationale. La cristallisation des formes d’organisation du mouvement ouvrier, commencée à la fin du XIXe siècle, s’achève: seuls peuvent adhérer des partis communistes qui s’engagent à remplir des conditions d’autant plus rigoureuses que la révolution mondiale semble imminente (constitution d’un appareil clandestin, agitation dans l’armée, etc.). En 1924, le Ve congrès, pour accentuer le caractère prolétarien des partis, décide de les constituer pour l’essentiel à partir de cellules d’entreprise aptes à élaborer une pratique autre qu’électorale: ce sera la pièce maîtresse de la «bolchevisation» des partis communistes.Armée de la révolution, l’Internationale communiste, comme ses sections, repose sur une organisation fortement centralisée, qui combine une «discipline de fer» avec un débat politique intense destiné à empêcher le «centralisme» de frayer la voie à la «bureaucratie» (IIIe congrès, 1921). Au sommet, le congrès mondial est l’organe suprême. La direction permanente est assurée par le comité exécutif (C.E.) élu par le congrès et qui siège «en Russie, premier État prolétarien», et par le présidium élu par le C.E. Le président est le porte-parole de l’Internationale communiste. Zinoviev, Boukharine puis Dimitrov assumeront cette fonction. Le C.E. publie une revue, L’Internationale communiste , et un journal, la Correspondance internationale. Il organise des écoles de cadres, envoie des délégués auprès des partis et convoque souvent à Moscou leurs dirigeants. Une règle d’or veut d’ailleurs que toute correspondance entre les partis passe par les organismes centraux: les relations bilatérales sont interdites. Autour de l’Internationale communiste gravitent enfin des organisations qui ont pour but des regroupements spécifiques. Certaines resteront pour l’essentiel des appareils: le Secrétariat féminin international, le Krestintern (groupement des paysans pauvres). Il n’en est de même ni du Secours rouge international, créé en 1922, ni de grandes organisations de masse rattachées à l’Internationale communiste par des liens complexes, telles l’Internationale communiste des jeunes (automne 1919) ou l’Internationale syndicale rouge, constituée après de longs débats en juillet 1921.Essai de périodisationCréée pour être la machine de guerre contre un monde qui, croyait-on, allait s’écrouler, l’Internationale communiste doit, après le reflux de la vague révolutionnaire, s’adapter à partir de 1921 à des conditions générales tout autres que celles qui ont présidé à sa naissance, alors qu’elle reste organiquement liée à la nouvelle Russie.De 1921 à 1928, le capitalisme se stabilise en Europe; en U.R.S.S., où la classe ouvrière a été lourdement atteinte par la guerre civile, de graves conflits de tendances se développent après la mort de Lénine. Dans ces conditions, l’Internationale, tout en renforçant les partis communistes par une bolchevisation rapide, préconise différentes formes de «front unique» avec les sociaux-démocrates pour étoffer les liens avec les masses, cependant qu’en Extrême-Orient la révolution chinoise, dont l’originalité est mal perçue, subit ses premiers revers. En 1928 commence la «troisième période», marquée par la crise économique mondiale: alors qu’en Chine, en Indochine apparaissent assez discrètement des formes originales de lutte, la liquidation de toute opposition en U.R.S.S. ainsi qu’une certaine sclérose de l’Internationale communiste retentissent sur les partis européens, et la tactique «classe contre classe» définie au VIe congrès (1928) contribue à l’échec de tout front unique contre Hitler. En 1934 débute, en France, la période des fronts populaires que le VIIe congrès de l’Internationale officialise en 1935. Dès lors, l’Internationale est tout entière tournée vers la guerre qui vient; il faut protéger l’U.R.S.S, patrie du communisme, où commencent les grands procès staliniens. Il s’agit désormais de constituer, face aux puissances fascistes, un large front des pays favorables à la sécurité collective.En 1939, les traditions de l’Internationale communiste permettent aux partis communistes d’endosser sans s’écrouler le choc du pacte germano-soviétique et de la guerre. Leur implantation ouvrière et paysanne rend possible en Europe leur participation rapide aux résistances nationales qui, en Extrême-Orient, avaient, contre le Japon, commencé bien plus tôt. Mais quel peut être dès lors le rôle de l’Internationale communiste? Et l’U.R.S.S. en a-t-elle encore besoin? En mai 1943, la suppression de la IIIe Internationale, «centre dirigeant du mouvement ouvrier», est décidée à Moscou par le présidium, sans que le C.E. ait même été réuni, et sans susciter de protestations notables.Les problèmes posésDe nombreux points font problème dans l’histoire de l’Internationale communiste. Certains concernent ses mécanismes: qui, par exemple, prend vraiment les décisions? Quel est le rôle réel du comité exécutif? Quand les Soviétiques s’assurent-ils sans débat la direction du Komintern? Est-ce après la défaite définitive des trotskistes et la collectivisation des terres (1928-1930) ou après l’assassinat de Kirov (1934)? D’autres questions sont plus fondamentales: l’histoire du communisme international est-elle entièrement déterminée par cette institution? Les partis communistes et les organisations de masse qui gravitent autour d’eux ont, certes, été fortement modelés: l’Internationale oblige par exemple les communistes français à arabiser leur section algérienne, mais cette tentative d’homogénéisation au sommet se retrouve-t-elle à la base? Et comment se fait le passage d’une stratégie mondiale à une tactique nationale? C’est, entre autres, le problème posé par la «ligne urbaine» en Chine et son échec, puis par le redressement paysan entrepris discrètement par Mao.Il reste que l’Internationale communiste a rendu possible la consolidation de partis ouvriers révolutionnaires dans les pays industriels avancés et leur apparition, ainsi que la diffusion des bases du marxisme, dans un grand nombre de pays extra-européens, et d’abord en Chine. Certes, l’implantation des forces communistes légales, à l’exception de l’U.R.S.S., a beaucoup varié: elle est deux fois plus importante en 1921 (près de 900 000 adhérents) qu’en 1928, et elle triple entre 1928 et 1939. Certes, plusieurs pays à forte densité industrielle échappent à peu près totalement à son influence: les États-Unis, l’Angleterre, la Belgique. Mais plus encore que par le rayonnement électoral de ses sections et par le nombre de leurs adhérents, c’est par sa stratégie anti-impérialiste et par le type de militants révolutionnaires qu’elle a créé que l’Internationale communiste a profondément marqué le mouvement ouvrier.4. La IVe InternationaleLes originesLa IVe Internationale est née d’un courant oppositionnel de gauche apparu en 1923 dans le Parti communiste bolchevik, le «trotskisme». Celui-ci s’est constitué en tant que critique du «stalinisme», accusé de liquider la révolution prolétarienne mondiale au profit de l’impossible victoire du socialisme en un seul pays et de bureaucratiser les partis communistes en y supprimant le débat démocratique. La défaite du trotskisme dans le parti russe, définitive en 1928, l’élimination de ses partisans de l’Internationale communiste vont pousser à la fondation d’une nouvelle Internationale. Mais pour diverses raisons celle-ci ne naîtra qu’en 1938, et dans des conditions difficiles. Tout d’abord, les problèmes du parti russe sont mal connus en dehors de Russie, même si le nom de Trotski, père de l’Armée rouge, est relativement populaire. D’autre part, Trotski, qui ne met pas en cause les bases du bolchevisme, et qui définit l’U.R.S.S. comme un «État ouvrier dégénéré», espère pendant longtemps un redressement interne de l’Internationale communiste, un retour à ses sources léninistes. Les trotskistes hésitent enfin à entreprendre la construction d’une nouvelle Internationale en l’absence de tout grand mouvement révolutionnaire susceptible de la porter en avant comme cela avait été le cas pour l’Internationale communiste.Lorsqu’en septembre 1938 une trentaine de délégués venus d’une dizaine de pays et représentant des forces très faibles se réunissent à Paris pour «proclamer» la IVe Internationale, cette décision se fonde sur la certitude, exprimée par Trotski dans le « Programme de transition», que la guerre qui vient entraînera une nouvelle vague révolutionnaire prolétarienne à laquelle il faudra une direction que l’Internationale communiste stalinisée n’est plus capable de fournir. Ce pronostic, à la différence de celui qu’avaient fait les bolcheviks en 1919, ne se réalisera pas vraiment.Une organisation maintenue malgré de multiples scissionsLa IVe Internationale, dont les premiers statuts ne furent adoptés qu’en 1948, n’est pas parvenue à s’implanter réellement dans la classe ouvrière. Elle a d’autre part connu une série de scissions dont les plus importantes ont abouti à la constitution de trois tronçons internationaux, d’importance inégale.C’est entre 1950 et 1952 que dans différents pays ont surgi les plus profondes divergences: elles ont conduit, en 1953, à un regroupement qui a pris le nom de Comité international pour la reconstruction de la IVe Internationale (tendance Lambert, du nom de son principal dirigeant); son implantation est essentiellement européenne et il se considère comme le seul dépositaire des traditions prolétariennes du trotskisme. En 1965, une fraction numériquement plus faible, animée par un ancien secrétaire de la IVe Internationale, Pablo, a fait scission à son tour pour constituer la Tendance marxiste-révolutionnaire de la IVe Internationale, qui s’est orientée vers des thèses favorables à l’autogestion, puis a abandonné, en 1972 la référence à la IVe Internationale. Le sigle «IVe Internationale» est resté l’apanage de sections, partiellement réunifiées en 1963, dont les organismes dirigeants, entre les congrès, sont le comité exécutif international et le secrétariat (unifié) de la IVe Internationale (principaux dirigeants: Pierre Frank, Ernest Mandel). Son implantation est relativement forte dans les pays semi-dépendants, notamment en Amérique latine et à Ceylan, et non seulement en Europe. Le secrétariat unifié a tenté à diverses reprises non sans succès de renouveler les analyses politiques et économiques du trotskisme historique.Pourquoi cet éparpillement et cette faiblesse persistante malgré de récents progrès qui coïncident avec l’apparition en Europe de mouvements révolutionnaires indépendants des partis communistes? On peut invoquer des raisons externes: la guerre a frappé de plein fouet la jeune Internationale et les persécutions staliniennes ne l’ont pas épargnée (assassinat de Trotski en 1940). Il faut aussi souligner que les perspectives dégagées par Trotski pendant l’entre-deux-guerres ne se sont pas vérifiées: les forces productives ont continué à se développer; la guerre a consolidé l’Union soviétique, et la mort de Staline, coïncidant avec le retournement de la conjoncture économique, n’a correspondu qu’à des crises épisodiques; ce n’est pas enfin dans les pays à fort prolétariat ouvrier, mais en Chine, à Cuba, au Vietnam que le capitalisme a reculé sous la pression des masses depuis 1945. En l’absence d’une pratique révolutionnaire «à la base», les trotskistes étaient mal préparés dans leur ensemble à analyser ces événements. Mais peut-être doit-on souligner surtout la diversification considérable des mouvements révolutionnaires dans les différentes zones géographiques: elle en rend la direction centralisée aléatoire et en atténue la nécessité.
Encyclopédie Universelle. 2012.